Tous les 9 Février, l'Église maronite célèbre la mémoire de son père spirituel, saint Maroun, ce moine ermite dont la vie et l’héritage continuent d’inspirer des fidèles à travers le monde, et en particulier ici, en France. Pendant la messe nous écoutons l’Évangile selon saint Jean, où Jésus annonce :
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jn 12,24)
Cette parole du Christ résonne intérieurement dans l'esprit de saint Maroun. Comme ce grain de blé, il s’est offert à Dieu dans l’ascèse et la solitude, détaché du monde et en même temps porteur d’une foi vivante qui a donné naissance à une Église enracinée dans l’amour du Christ. Sa vie de prière et de sacrifice a été la semence d’une communauté qui, encore aujourd’hui, témoigne de la richesse spirituelle de notre tradition.

Saint Maroun, un modèle pour notre temps
Saint Maroun a vécu à une époque marquée par les défis : divisions théologiques, persécutions et transformations sociales. Son choix du dépouillement et de la prière n’était pas un repli, mais une manière de témoigner de l’Évangile. Son héritage nous rappelle que la fidélité à Dieu et la force de notre foi ne dépendent pas de la facilité des temps, mais de notre attachement au Christ.
Aujourd’hui, en tant que communauté maronite en France, nous faisons face à de nouveaux défis :
- Comment rester enracinés dans notre foi et nos traditions tout en vivant dans une société sécularisée ?
- Comment transmettre notre héritage spirituel aux jeunes générations qui grandissent dans un contexte culturel différent ?
- Comment témoigner de l’Évangile dans un monde qui semble parfois indifférent ou hostile aux valeurs chrétiennes ?
L’Évangile nous donne une réponse :
mourir pour porter du fruit
Lorsque Jésus nous parle du grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit, il nous invite à un renouveau spirituel. Pour que notre Église maronite en France soit vivante, nous devons accepter de « mourir » à certaines habitudes ou sécurités qui nous empêchent de grandir dans la foi.
1. Redécouvrir la prière et l’ascèse
Saint Maroun nous enseigne que la force d’une communauté vient d’une vie spirituelle intense. Il ne suffit pas de préserver des traditions culturelles ; nous devons avant tout être enracinés dans la prière, la lecture de la Parole et l’Eucharistie.
2. Transmettre la foi aux nouvelles générations
Nos jeunes ont soif de sens. Ils cherchent une foi authentique, incarnée, et non une simple appartenance culturelle. Comme saint Maroun, nous devons leur montrer une foi vivante, fondée sur l’amour du Christ, et leur donner les moyens de s’y engager pleinement.
3. Témoigner dans la société française
Être maronite en France ne signifie pas vivre en marge, mais être un témoin de la richesse de notre tradition dans l’Église universelle. Comme saint Maroun, qui a su toucher de nombreuses âmes par sa sainteté, nous sommes appelés à témoigner de notre foi avec humilité et courage.
Soyons comme un grain de blé fécond !
Frères et sœurs, saint Maroun nous montre la voie : une foi authentique, une vie offerte à Dieu et une Église qui demeure fidèle malgré les épreuves. Aujourd’hui, Jésus-Christ nous invite à ne pas craindre de « mourir » à ce qui est stérile, pour porter un fruit abondant. Demandons au Seigneur, par l’intercession de saint Maroun, de nous donner la force de relever les défis de notre temps avec foi et espérance.
Au Seigneur la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 3,10-17.
Frères, mais toi, tu m’as suivi pas à pas dans l’enseignement, la manière de diriger et les projets, dans la foi, la patience, la charité et la persévérance,
dans les persécutions et les souffrances, celles qui me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystres, toutes les persécutions que j’ai subies. Et de tout cela le Seigneur m’a délivré.
D’ailleurs, tous ceux qui veulent vivre en hommes religieux dans le Christ Jésus subiront la persécution.
Quant aux hommes mauvais et aux charlatans, ils iront toujours plus loin dans le mal, ils seront à la fois trompeurs et trompés.
Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris : de cela tu as acquis la certitude, sachant bien de qui tu l’as appris.
Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ.
Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ;
grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12,23-30.
Jésus déclara : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu'un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l’honorera. »
Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Augustin (354-430)
évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 329, pour la fête des martyrs, 1-2 ; PL 38, 1454 (Livre des jours – Office romain des lectures ; Le Cerf – Desclée de Brouwer – Desclée – Mame; © AELF Paris 1976 ; commun d'un martyr, p.1771-1772, rev.)
« S'il meurt, il donne beaucoup de fruit »
Les exploits glorieux des martyrs, qui font en tout lieu la beauté de l'Église, nous permettent de comprendre par nous-mêmes la vérité de ce que nous avons chanté : « Aux yeux du Seigneur, la mort de ses saints a un grand prix » (Ps 115,15). En effet, elle a un grand prix à nos yeux, et aux yeux de celui pour qui ils sont morts.
Mais ce qui rend toutes ces morts si précieuses, c'est la mort d'un seul. Combien de morts a-t-il achetés, en mourant lui seul, puisque, s'il n'était pas mort, le grain de blé ne se serait pas multiplié ? Vous avez entendu ce qu'il disait lorsqu'il approchait de sa Passion, c'est-à-dire alors qu'il approchait de notre rédemption : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit ». (…) Quand son côté a été ouvert par la lance qui le frappait, ce qui en a jailli, c'est la rançon de l'univers entier (cf Jn 19,34).
Les fidèles et les martyrs ont été achetés ; mais la foi des martyrs a fait ses preuves, leur sang en est témoin. Ils ont rendu au Christ ce qu'il leur avait donné, accomplissant ce que dit saint Jean : « Le Christ a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères » (1Jn 3,16). Il est dit ailleurs : « Lorsque tu t'assieds à une table magnifique, regarde bien ce que l'on te sert, car il faut que tu en prépares autant » (cf Pr 23,1). C'est une table magnifique, celle où le maître de la maison se donne lui-même en nourriture. Il est l'hôte qui invite et il est lui-même la nourriture et la boisson. Les martyrs ont donc fait attention à ce qu'ils mangeaient et buvaient, pour pouvoir en rendre autant. Mais comment auraient-ils pu en rendre autant, si celui qui les a comblés le premier de ses dons ne leur avait donné de quoi lui rendre ? Ainsi c'est ce que nous recommande le psaume où nous avons chanté cette parole : « Aux yeux du Seigneur, la mort de ses amis a un grand prix. »