Frères et sœurs en Jésus-Christ,
Au dimanche de commémorations des justes, l'Évangile choisit selon la liturgie maronite nous présente le Christ en gloire, assis sur son trône, jugeant toutes les nations. Nous sommes face à une révélation ultime : à la fin des temps, c'est l'amour concret envers notre prochain qui sera le critère du jugement.
Et voici que notre Roi, le Seigneur tout-puissant, ne se manifeste pas dans la splendeur d'un empereur terrestre, mais dans l'humilité de ceux qui ont faim, soif, qui sont étrangers, nus, malades, ou en prison. Il déclare : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»
Un Roi humble qui s’identifie aux plus petits
L'humilité du Christ est un mystère bouleversant : Lui qui est le Maître de l'univers s'est abaissé pour partager la condition des plus pauvres. Saint Paul nous rappelle : « Lui qui était de condition divine, il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2,6-7).
Jésus ne se contente pas d’enseigner l’humilité, il la vit pleinement. De la crèche à la croix, il choisit la voie du dépouillement, révélant que la véritable grandeur réside dans le service. Saint François d’Assise disait : « Regardez, frères, l'humilité de Dieu, et ouvrez devant lui votre cœur » (Lettre à l’Ordre).
En s’identifiant aux plus petits, Jésus nous apprend que l’humilité est la clé du Royaume de Dieu. Acceptons-nous d’être petits pour aimer comme Lui ?
Ce qui frappe ici, c'est l'humilité du Christ-Roi. Contrairement aux rois de ce monde, qui s’entourent de fastes et de puissants, Jésus s’identifie aux petits, aux oubliés, aux rejetés. Saint Jean Chrysostome nous enseigne : « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne le méprise pas quand il est nu. Ne l’honore pas ici, dans l’église, avec des tissus de soie, tandis que dehors tu le laisses souffrir du froid et de la nudité » (Homélie sur Matthieu, 50,3).
Le Christ nous montre que la vraie royauté se manifeste dans le service, dans le don de soi. Lui-même l’a vécu en s’abaissant jusqu’à prendre notre condition humaine, en devenant serviteur, jusqu’à donner sa vie sur la Croix.
L’amour concret comme critère du jugement
Le jugement dernier que Jésus décrit n’est pas fondé sur des prières ou des connaissances théologiques, mais sur l’amour vécu envers le prochain. Saint Grégoire le Grand explique : « Le Seigneur ne dit pas : "Parce que vous avez jeûné, prié, accompli des miracles", mais "Parce que vous avez exercé la miséricorde" » (Homélies sur l’Évangile, 40).
Le Catéchisme de l’Église catholique nous rappelle que : « Dieu a lié notre salut à la manière dont nous répondrons à la faim du pauvre, à la soif du petit, à la nudité de l’indigent, à la maladie et à l’emprisonnement de ceux qui souffrent » (CEC 1033).
Nous ne pouvons pas dire aimer Dieu si nous négligeons le frère en détresse. Le pape François nous avertit : « Une foi qui ne se traduit pas en œuvres de charité est une foi morte » (Fratelli tutti, n° 56).

Appel à l’imitation du Christ
Le message de cet Évangile est un appel urgent à suivre l'exemple du Christ-Roi, à reconnaître son visage dans les plus petits. Saint Augustin nous exhorte : « Il est notre Chef dans le ciel, il est notre Corps sur la terre » (Sermon 137,1).
Nous sommes donc appelés à une conversion du regard et du cœur :
Voyons-nous le Christ dans le pauvre qui frappe à notre porte ?
Sommes-nous attentifs à ceux qui souffrent dans l’indifférence du monde ?
Sommes-nous des serviteurs fidèles de ce Roi d’humilité ?
Action concrète pour aujourd’hui
Pour incarner cet Évangile dans notre monde moderne, je vous propose un engagement concret : créons ou soutenons une chaîne de fraternité locale. Cela peut se traduire par :
Visiter les personnes isolées : dans nos quartiers, nos paroisses, nos familles, tant de personnes âgées, malades ou seules souffrent d’isolement. Allons à leur rencontre, offrons un peu de notre temps.
Soutenir un projet de solidarité : bénévolat dans une association, aide aux sans-abri, parrainage d’un réfugié, soutien aux familles en difficulté.
Vivre la charité au quotidien : un simple sourire, une écoute attentive, un geste de générosité peuvent révéler le visage du Christ aux plus petits.
Le pape François nous exhorte à une « culture de la rencontre », où chaque geste de charité construit le Royaume de Dieu dès ici-bas (Evangelii Gaudium, n° 88).
Frères et sœurs, l’Évangile d’aujourd’hui est une invitation à la charité active et concrète. Le Christ-Roi ne règne pas à la manière des grands de ce monde, mais en s’identifiant aux petits. Que notre vie soit un témoignage d’amour, pour qu’au dernier jour, nous puissions entendre cette parole bienheureuse : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ».
Au Seigneur la gloire pour les siècles des siècles.
Amen.
Livre de la Sagesse 5,1.3-6.8.15-16.
Alors le juste se tiendra debout, plein d’assurance, en présence de ceux qui l’ont opprimé, de ceux qui méprisaient sa peine.
saisis par le remords, ils se diront entre eux, la gorge serrée, incapables de reprendre souffle :
« Le voilà, celui que nous tournions jadis en ridicule ! Nous en faisions la cible de nos sarcasmes, fous que nous étions ! Nous trouvions absurde sa manière de vivre et infâme sa mort !
Pourquoi est-il compté parmi les fils de Dieu ? Pourquoi partage-t-il le sort des saints ?
En fait, nous nous sommes égarés loin du chemin de la vérité, la lumière de la justice ne nous a pas éclairés et le soleil ne s’est pas levé sur nous.
À quoi nous a servi l’orgueil, et que nous ont rapporté la richesse et la prétention ?
Les justes, eux, vivent pour toujours, le Seigneur détient leur récompense, le Très-Haut prend soin d’eux.
Aussi recevront-ils de la main du Seigneur le royaume de splendeur et le diadème de beauté, car de sa droite il les protégera, et son bras les couvrira.
Lettre aux Hébreux 12,18-24.
Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable, embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï : pas d’obscurité, de ténèbres ni d’ouragan,
pas de son de trompettes ni de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre.
Car ils ne supportaient pas cette interdiction : Qui touchera la montagne, même si c’est un animal, sera lapidé.
Le spectacle était si effrayant que Moïse dit : Je suis effrayé et tremblant.
Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête
et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection.
Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle, et vers le sang de l’aspersion, son sang qui parle plus fort que celui d’Abel.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,31-46.
Jésus dit : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :
il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”
Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.
Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”
Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris