"Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour"
(S. Jean de la Croix, dichos 64)
En ce cinquième dimanche de la croix selon la liturgie maronite, les lectures proposées nous invitent à nous préparer à rejoindre le Seigneur au terme de notre vie terrestre. La parabole des dix vierges est un appel à la vigilance spirituelle, une invitation à vivre notre foi non pas dans la passivité, mais dans l'attente active de la rencontre avec Dieu.
Cette parabole de Jésus est un enseignement autour de ce qui se passe au moment de la mort. Toutes les vierges se sont endormies voudrai dire qu’elles sont mortes. Nous remarquons qu’a l’instant même de la mort arrive le temps du jugement.
Selon le catéchisme de l'Église catholique, au n°1022 et suivant, la mort est un passage qui marque la séparation de l'âme et du corps. Immédiatement après la mort, chaque personne est jugée par Dieu. Il s’agit du jugement particulier. Trois issues sont alors possibles pour l’âme humaine immortelle : La purification, la béatitude du ciel, ou la damnation pour toujours. Donc la mort marque le début d'une nouvelle étape pour l'âme, avec un jugement immédiat qui détermine si l'âme va au Purgatoire, au Paradis ou en Enfer.

Cette huile dans la parabole représente notre préparation spirituelle. Elle symbolise la foi vivante, l’amour que nous cultivons pour Dieu et pour notre prochain, les actes de charité, et notre prière constante. Cette huile ne s'achète pas à la dernière minute ; elle se construit dans la fidélité quotidienne. La parabole nous rappelle que nous ne savons ni le jour ni l’heure de la venue du Christ, mais nous devons être prêts à chaque instant.
C’est ici que le verset du Cantique des Cantiques vient illuminer cette parabole : « Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé » (Cant. 5:2). Nous sommes peut-être, parfois, comme les vierges qui dorment, fatiguées par les épreuves de la vie, mais l'essentiel est que notre cœur veille, qu'il soit en éveil spirituel. Ce verset exprime bien l'attitude d’un cœur amoureux de Dieu, toujours à l'écoute de sa voix, même dans le silence de la nuit. Veiller, ce n’est pas simplement être en alerte extérieurement, mais c’est maintenir cette flamme intérieure, cet amour constant pour le Christ, l’Époux de nos âmes.
Saint Paul, dans sa lettre aux Philippiens, nous exhorte à « travailler à notre salut avec crainte et profond respect » (Philippiens 2:12). Il s’agit d’une invitation à ne pas prendre notre salut pour acquis, mais à le considérer comme un trésor précieux qui demande un engagement de chaque instant. Travailler à son salut, c'est vivre dans la conscience que notre vie spirituelle n’est pas un automatisme, mais une relation vivante avec Dieu, qui requiert soin et attention.
Ainsi, la vigilance chrétienne est un équilibre entre l’humilité et la confiance. Humilité, parce que nous reconnaissons que nous ne sommes jamais totalement prêts par nos propres forces. Confiance, parce que c'est la grâce de Dieu qui agit en nous pour nous rendre capables de répondre à son appel.
Frères et sœurs, la parabole des dix vierges est un appel urgent à ne pas négliger notre préparation spirituelle. Que nous ne soyons pas comme ces vierges insensées qui, au dernier moment, ont réalisé qu'elles manquaient d'huile. Mais que nous soyons toujours attentifs à nourrir la flamme de notre foi, par la prière, la méditation de la Parole, et par des œuvres d’amour.
Veiller, c’est entretenir cette relation d’amour avec le Christ, comme une fiancée qui attend son bien-aimé. C’est écouter sa voix, même quand tout semble silencieux autour de nous. C'est aussi, comme nous le dit Saint Paul, marcher avec respect et conscience, sachant que le salut est une œuvre divine à laquelle nous sommes appelés à coopérer.
Que notre cœur, même quand le corps se repose, veille toujours à l’écoute de la voix de notre Époux. Et lorsque l’Époux viendra, que nous soyons prêts, la lampe allumée et l’huile en abondance, pour entrer avec Lui participer aux noces éternelles.
Au Seigneur la gloire pour toujours. Amen
Cinquième dimanche après la Croix : Parabole des Dix Vierges
Cantique des cantiques 5,2-8.
Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe ! – Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma toute pure, car ma tête est humide de rosée et mes boucles, des gouttes de la nuit.
– J’ai ôté ma tunique : devrais-je la remettre ? J’ai lavé mes pieds : devrais-je les salir ?
Mon bien-aimé a passé la main par la fente de la porte ; mes entrailles ont frémi : c’était lui !
Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, les mains ruisselantes de myrrhe. Mes doigts répandaient cette myrrhe sur la barre du verrou.
J’ai ouvert à mon bien-aimé : mon bien-aimé s’était détourné, il avait disparu. Quand il parlait, je rendais l’âme… Je l’ai cherché : je ne l’ai pas trouvé. Je l’appelai : il n’a pas répondu.
Ils m’ont trouvée, les gardes, eux qui tournent dans la ville : ils m’ont frappée, ils m’ont blessée, ils ont arraché mon voile, les gardes des remparts !
Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que direz-vous ? Que je suis malade d’amour.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,12-18.
Frères, ainsi, mes bien-aimés, vous qui avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et profond respect ; ne le faites pas seulement quand je suis là, mais encore bien plus maintenant que je n’y suis pas.
Car c’est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l’action, selon son projet bienveillant.
Faites tout sans récriminer et sans discuter ;
ainsi vous serez irréprochables et purs, vous qui êtes des enfants de Dieu sans tache au milieu d’une génération tortueuse et pervertie où vous brillez comme les astres dans l’univers,
en tenant ferme la parole de vie. Alors je serai fier de vous quand viendra le jour du Christ : je n’aurai pas couru pour rien ni peiné pour rien.
Et si je dois verser mon sang pour l’ajouter au sacrifice que vous offrez à Dieu par votre foi, je m’en réjouis et je partage votre joie à tous.
Et vous, de même, réjouissez-vous et partagez ma joie.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,1-13.
Jésus dit : « Alors, le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :
les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.
Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”
Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”
Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris