Avez-vous compris ?

Le Jeudi Saint, nous entrons dans le mystère de l’amour du Christ, cet amour qui se fait service, cet amour qui s’abaisse, cet amour qui se donne jusqu’au bout. L’Évangile de Saint Jean montre un geste facile à comprendre et difficile à intégrer : le lavement des pieds.

Et au cœur de ce geste, une parole de Jésus qui nous interpelle aujourd’hui encore :

« Avez-vous compris ce que je viens de vous faire ? »

I. Un geste prophétique

Cette question de Jésus n’est pas rhétorique. Elle est posée à ses disciples, mais elle traverse les siècles et nous atteint en plein cœur aujourd’hui.

Le Christ, Seigneur et Maître, se lève de table, dépose son vêtement, prend un linge, verse de l’eau dans un bassin, et lave les pieds de ses disciples. Un geste d’esclave.

Saint Augustin commente : « Le Christ, en s’abaissant ainsi, nous a montré la grandeur de l’humilité. »

Et saint Jean Chrysostome souligne : « Ce que le Seigneur fait ici, c’est bien plus que laver des pieds : c’est laver les cœurs de l’orgueil. »

Oui, ce geste est un acte prophétique. Il annonce la Croix. Le Christ se dépouille comme il sera dépouillé sur la Croix. Il se met au service comme il se donne totalement dans sa Passion. Et il nous enseigne que le chemin du Royaume passe par l’humilité, le don de soi, et le service.

II. Avez-vous compris ?

Jésus ne demande pas : « Avez-vous vu ? » mais bien : « Avez-vous compris ? »

Il ne s’agit pas seulement de constater un geste, mais d’entrer dans son mystère, de laisser notre cœur être enseigné.

Les Pères de l’Église nous rappellent que ce geste du lavement est aussi sacrement : un signe visible d’une réalité invisible.

Saint Ambroise disait : « Ce que fait le Christ aux pieds de ses disciples, il le fait à nos âmes par sa grâce. »

Comprendre ce que le Christ nous a fait, c’est comprendre qu’il nous a aimés le premier, jusqu’à s’abaisser pour nous relever, jusqu’à se faire le dernier pour que nous soyons avec lui dans la vie.

Aimer par les gestes en se mettant au service.

III. Trois pistes concrètes pour vivre ce geste

Frères et sœurs, à cette question de Jésus : « Avez-vous compris ? », nous voulons répondre non seulement avec notre bouche, mais avec notre vie. Voici trois manières de vivre cet Évangile dans notre quotidien :

1. Apprendre à se mettre au service, dans l’humilité

Dans nos familles, nos communautés, nos paroisses… demandons-nous : Qui suis-je appelé à servir aujourd’hui ?

Le vrai service chrétien ne choisit pas, ne calcule pas. Il est humble, discret, fidèle.

Une action concrète : Choisir de faire une tâche ingrate ou discrète cette semaine, sans chercher de reconnaissance.

2. Pardonner et purifier les relations

Le lavement des pieds évoque aussi la purification. Jésus dit à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »

Dans notre vie, nous avons besoin de laver nos cœurs du ressentiment, de l’orgueil, du jugement.

Une action concrète : Faire un pas vers une réconciliation avec une personne blessée ou en conflit.

3. Être témoin de la charité du Christ

Jésus conclut : « C’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Être chrétien, c’est imiter le Christ. Le monde croira à l’Évangile quand nous devenons des signes vivants de cette charité.

Une action concrète : S’engager cette semaine dans un acte gratuit de solidarité ou de service envers un inconnu ou un exclu.

Jésus se donne à nous. Il nous lave, nous relève, nous nourrit. Et il nous pose cette question:

« Avez-vous compris ce que je viens de vous faire ? »

Puissions-nous répondre :

Oui, Seigneur, nous avons compris… et nous voulons à notre tour aimer, servir et nous donner, à ton image.

Amen.

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 11,23-32.

Frères, moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain,

puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »

Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »

Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

Et celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur.

On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe.

Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur.

C’est pour cela qu’il y a chez vous beaucoup de malades et d’infirmes et qu’un certain nombre sont endormis dans la mort.

Si nous avions du discernement envers nous-mêmes, nous ne serions pas jugés.

Mais lorsque nous sommes jugés par le Seigneur, c’est une correction que nous recevons, afin de ne pas être condamnés avec le monde.

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean au chapitre 13

01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

02 Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer,

03 Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,

04 se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;

05 puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.

06 Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »

07 Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »

08 Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »

09 Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »

10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. »

11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »

12 Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ?

13 Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis.

14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.

15 C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.

16 Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie.

17 Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites.